Le Renard Masqué est un grand fan de Corto Maltese. Renardeau déjà je m’isolais avec une bande dessinée, savourant chaque dessin et chaque dialogue qu’avait imaginés Hugo Pratt. Corto Maltese, cet aventurier mystérieux, individualiste et profondément touché par les inégalités entre les Hommes avait toujours un mot ironique aux situations dramatiques qu’il rencontrait. Et cela faisait toujours sourire. « Qu’il est malin ce petit finaud! » Me disais-je … Une vingtaine d’années après la mort de son créateur (Hugo Pratt), la version du graphiste Rubén Pellejero et du scénariste Juan Díaz Canales est-elle réussite? Oui, mais surtout Non..
Le personnage de Corto Maltese a permis à Hugo Pratt d’asseoir sa notoriété à l’échelle internationale. Corto Maltese est un Capitaine britannique de la marine marchande. Il traverse son époque comme il traverse les mers et les océans. Et souvent il se bat pour quelques causes surtout si une femme en est la motivation. Comme tous héros qui se respectent son existence est entourée de mystère. Aussi une biographie lui sera consacrée qui outrepasse les BDs. Entre deux albums on lui connaitra d’autres péripéties, sa date de naissance, une brève parenthèse sur ses parents… et même de vives polémiques sur la date de sa mort (1947 ? 1965 ?).
Pour en connaître davantage sur sa biographie : Du Livre Aux Films
« Sous le soleil de minuit » fait une excellente entrée.
En seulement 4 jours, il est numéro 1 des ventes de BD.
Il doit son succès majoritairement aux fans.
Rappelons que les aventures du Capitaine Maltese ont marqué le XXe siècle et que sa réputation a pérennisé jusqu’au siècle suivant.
Mais aussi le bon vieux bouche à oreilles, essentiellement dédiées à ses dialogues engagés qui ont consolidé le caractère anarchiste du personnage.
Au premier abord, ce 13ème album respecte les traits esthétiques des principaux protagonistes. Dans la première partie de « Sous le soleil de minuit », l’apparition de Raspoutine, son complice, est prometteuse. Les dialogues sont drôles et bon enfant. L’aura d’Hugo Pratt se fait bien ressentir. Le mot qui vient à l’esprit est « Hommage« . Puis on s’engage avec notre marin dans un rythme plus impétueux avec une mission, un but.
Mais l’emballement n’est que de courte durée…
Le duo Raspoutine – Corto se sépare. Une petite maladresse qui coutera cher, car on prend conscience que le binôme n’était qu’un coup de marketing.
Dans ce 13ème album, on note de précis dialogues sur la géopolitique de l’époque ou se passe l’action (1915) et une bonne dose de bagarres. Et sur la route qu’empreinte notre pirate maltais de nombreux personnages haut en couleur feront leur apparition. Un inuit fou de Robespierre, un gros dur au coeur tendre, un groupe de femmes qui se bat pour leur liberté (la traite des blanches), un irlandais renégat…
Certains d’entre eux seront tués « sans autre forme de procès » (La Fontaine – Le Loup et l’Agneau), et à la méthode d’Hugo Pratt.
On apprendra beaucoup sur les guerres de territoire à travers d’excellents dialogues englobés par des références et des clins d’oeil et saupoudrés par un sens de la repartie « 11 sur l’échelle du bon délire ». Cependant, quelques actions et certaines ambiances, vers la fin du récit sont considérées « too much ». Une petite overdose qui laisse un goût amer.
Au final, « Sous le soleil de minuit » n’est ni une claque ni une bise, c’est un feu follet. Je ne sais pas s’il s’éteint ou s’il se rallume. Le très peu de romantisme se remarque énormément. Peut-être un livre de poésie de Robert William Service « Songs of a Sourdough » qui traine dans deux trois dessins..
Quand à l’essence même de Corto Maltese.. Cette sorte d’antihéros aux milles et unes facettes qui est à la fois un témoin et un acteur des évènements, se retrouve assez souvent dans la catégorie « figurant » du récit.
Dans cette mouture, notre Capitaine souffre d’une anémie qui n’a pas encore de nom. Comme ce crocodile sans dents, cette vipère sans venin ou bien si Guy de Maupassant avait imaginé dans Le Horla, un trois-mâts sans voiliers et sans mâts.. Notre marin est une barque qui se laisse chavirer au grès d’une houle bipolaire.
Sans évoquer la chute (la fin) de l’histoire. Et quelle chute!
!!!Attention Spoil!!! : Corto se retrouve nez à nez avec son « moi » du futur!
Est-ce donc ainsi que notre anarchiste finira sa vie ? À mendier quelques sous en se faisant passer pour un aveugle ? Est-ce une manière de nous faire comprendre que c’est « Le cycle de la vie » ?
Je vous laisse imaginer mon désarroi lorsque j’ai dégusté le dernier dessin et le dernier dialogue de cette version. J’ai immédiatement pensé à cette citation du personnage, pourvue de la plus grande des coquilles vide. J’ai nommé Dracula dans le film Van Helsing : « Non je n’ai aucun cœur ! Je n’éprouve ni amour, ni peur ; aucun chagrin, ni joie d’aucune sorte ; je ne suis qu’une enveloppe charnelle, destiné à vivre jusqu’à la fin des temps ! »
Paroles de Renard.
Big Volpone
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